Quels axes d’amélioration mettre en place pour une meilleure prise en charge dans les établissements pour personnes âgées dépendantes ?

 

En 2019, 730 000 personnes fréquentent un établissement d’hébergement pour personnes âgées en France. Cela représente 10 % des personnes de plus de 75 ans et 30 % des plus de 90 ans. Le constat est simple, les résidents en EHPAD vieillissent et leur état de santé demande une prise en charge renforcée. L’âge moyen des résidents ne cesse de progresser. De façon concomitante, le niveau de dépendance des personnes accueillies dans ces établissements ne cesse de croître. Quels axes d’amélioration mettre en place pour une meilleure prise en charge dans les établissements pour personnes âgées ? Synoxis vous invite dans les coulisses des EHPAD.

Anticiper et prendre en charge la perte d’autonomie

 

Le nombre de personnes de plus de 65 ans ne fera que grandir dans les années à venir en France. Aujourd’hui, 1,5 million de personnes ont 85 ans et plus. Elles seront environ 4,8 millions en 2050. Ces quelques chiffres donnent la mesure des enjeux du secteur de l’hébergement des personnes âgées. Ils permettent de mieux appréhender le défi que représente le vieillissement de la population pour notre société et ils soulignent le besoin de construire une politique publique pour la prise en charge des personnes âgées. Celle-ci devra considérer le vieillissement des personnes dans toutes ses dimensions : médicales, familiales, financières…

 

Renforcer les équipes soignantes

 

Selon la DREES1, le personnel soignant en EHPAD atteint 500 000 personnes, soit 430 000 équivalents temps plein. Ces postes sont en majorité occupés par des femmes (87 %). L’une des problématiques majeures pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes, placées en EHPAD, concerne le manque d’effectif dans les équipes de soins. Les soins médico-techniques augmentent constamment compte tenu de la perte d’autonomie. Cela pèse sur la charge de travail du personnel soignant, mais aussi sur la pénibilité physique et mentale ressentie. Le temps qui peut être consacré au relationnel et à l’animation diminue pour faire face au besoin d’une surveillance constante des patients.

Presque la moitié des établissements d’accueil explique rencontrer des difficultés à recruter du personnel de santé qualifié. Par exemple, un EHPAD sur 10 a un poste d’aide-soignant non pourvu depuis plus de 6 mois. La difficulté de recrutement réside en partie dans la mauvaise image des conditions de travail dans les EHPAD. Ceci est aggravé par la vision négative portée par la société sur le vieillissement. Les vocations professionnelles ne suffisent plus à compléter les postes vacants.

Il a été récemment proposé dans un rapport d’information sur les EHPAD2 de définir un ratio opposable de personnel par résident. Il serait calculé à partir de leurs besoins, chaque EHPAD ayant des particularités. Le rapport demande aussi une norme minimale d’encadrement, qui nécessiterait de doubler les effectifs du personnel soignant des EHPAD sur les 4 prochaines années.

 

Un meilleur financement pour améliorer la qualité des soins

 

Les modalités de financement des EHPAD ne sont plus en adéquation avec les objectifs de prise en charge. Elles doivent absolument évoluer afin d’inciter les établissements à une démarche qualité.

Le financement des établissements pour personnes âgées dépendantes est d’ores et déjà fondé sur l’état de santé des résidents, cependant un infléchissement est nécessaire. Le système d’évaluation utilisé par les professionnels de santé pour définir le niveau de dépendance d’un patient diminue le calcul des dotations, retarde la revalorisation des budgets et est source de pertes de recettes, ce qui impacte la qualité de la prise en charge.

Afin de faire face aux besoins des EHPAD, le Gouvernement a rénové le modèle en agissant sur trois leviers de financement :

  • 2,1 milliards d’euros seront investis dans le bâti, les équipements du quotidien et le numérique afin de rendre les établissements plus chaleureux, plus humanisés et davantage ouverts sur l’extérieur.
  • 500 millions d’euros seront investis pour renforcer la médicalisation des EHPAD. 20 000 postes de personnels soignants supplémentaires et ont financés
  • 2,8 milliards d’euros seront distribués pour revaloriser les salaires et renforcer l’attractivité des métiers en EHPAD. Une augmentation des rémunérations de tous les professionnels d’EHPAD à hauteur de 183 euros net par mois est également prévue. Le déploiement d’un plan métiers en lien avec le ministère du Travail pour développer les formations, la validation des acquis de l’expérience (VAE), et faciliter les recrutements urgents sera mis en place.

Mettre à disposition du personnel un matériel adapté

 

La Cnam (Caisse nationale de l’assurance maladie) estime qu’en moyenne, plus de 8 % des salariés des EHPAD ont un accident du travail avec arrêt dans l’année. En 2019, la première cause d’accidents est la manutention, suivie de près par les chutes. Le matériel mis à disposition des professionnels dans ces établissements pour mobiliser les personnes est crucial pour limiter ces accidents du travail, prévenir la pénibilité, éviter les blessures. Les pouvoirs publics aident les établissements à se doter de ce type de matériel, ce qui montre bien la prise de conscience sur le sujet. Les enveloppes ne sont en revanche pas à la hauteur des besoins. Il est donc nécessaire de prévenir les risques de TMS en Ehpad.

Au-delà de la mise à disposition du matériel, la difficulté des personnels, soumis à des tâches multiples, est qu’ils manquent de temps pour utiliser ces aides. Il arrive aussi qu’une partie du personnel n’ait pas bénéficié de formation sur leur utilisation. De ce fait, il est plus facile de se passer du matériel ou d’utiliser l’ancien, mieux connu. La mise à disposition de matériel médical innovant comme la douche au lit Osiris, permettait pourtant de limiter le nombre d’accidents de travail en facilitant la prise en charge par le personnel soignant. En plus de répondre aux besoins de l’établissement, le matériel mis à disposition doit été présenté aux équipes. Les professionnels doivent être formés et accompagnés à la prise en main de ces nouveaux outils.

Face aux enjeux du vieillissement, le travail à fournir reste colossal. Soutenir les EHPAD dans leur développement, leur entretien et le recrutement de personnels suffira-t-il pour améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes dans les années à venir ?

1 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques

2 Rapport d’information 2018 sur les EHPAD, réalisé par les députées Monique Iborra et Caroline Fiat pour la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale.